J’attendais le début de mon cours de danse, assise sur un banc dans un coté de la salle. Le cours précédent venait juste de s’achever, les danseurs étaient réunis au centre de la piste. Tous étaient des couples. Et ces couples étaient tous formés d’une personne valide et d’une personne invalide. Certains en chaise roulante, d’autres avec une prothèse.

Au milieu d’eux, un homme d’une soixantaine d’années. Il portait une moustache, un peu à la Dali. Je le regardais. Et son regard croisa le mien. C’est comme s’il avait entendu ma pensée… il se mit à nous expliquer, à nous qui attendions sur le banc et qui les regardions, comment il dansait le tango avec sa femme. Il mimait les mouvements avec son corps, et j’arrivais à entendre la musique et le rythme au travers de ses mouvements. Il nous expliquait qu’il jouait « avec des va et viens et des rotations, comme ça. » Tous les autres danseurs se mirent aussi à expliquer de quelle façon ils dansaient, comment ils avaient réinventé le tango pour le danser ensemble.

Quand le calme fut revenu dans la salle de danse, il nous dit à tous : « C’est vrai que parfois ça me manque de ne pas pouvoir danser avec une personne valide. » Et en se tournant vers sa femme, il ajouta « mais c’est avec elle que j’ai envie de danser. » Le regard de sa femme était illuminé de milles étincelles.

A mes côtés, quelqu’un marmonna « Faire des choix, c’est renoncer ». [ citation de André Gide]

Cet homme a choisi les élans de son cœur. En conscience de ce à quoi il devait renoncer.

Faire des choix, c’est parfois la chose la plus difficile.

Mais c’est notre plus grande liberté ! C’est notre libre arbitre. Pourquoi cela nous semble difficile ? Parce que nous savons bien que faire des choix, de vie notamment, ça demande de laisser derrière nous toutes les options que nous n’avons pas choisi. Et nous ne sommes pas tous prêts à renoncer à ces possibilités. A les lâcher. Or si nous voulons prendre du plaisir à danser la vie, comme le fait avec tant de grâce et de joie ce monsieur, il nous faut abandonner la représentation des possibilités non choisies. Il nous faut être pleinement dans ce choix.

Mais ce choix peut parfois se révéler contraignant.

Comme peut l’être l’arrivée d’un handicap. Comme peut l’être un enfant qui arrive dans une famille. Comme peuvent l’être la résultante d’autres choix effectués : un lieu de résidence, des week-ends à travailler, une maison à entretenir, etc… Comment dépasser ces contraintes pour rester dans la joie ? Car c’est bien cela l’objectif de nos choix, c’est de rester dans la joie.

Tous nos choix doivent avoir comme objectif la joie.

Ce couple aime la danse. Ils ont choisis de dépasser la limite du handicap pour continuer de faire ce qui les met dans la joie, ce qui leur procure du plaisir. Cet élan vient du cœur. C’est notre mission d’humain que d’arbitrer nos choix ainsi. Ne trouveriez vous pas curieux d’aller faire quelque chose qui ne vous met pas en joie ? Pourtant, il y a beaucoup de choses que nous faisons encore sans savoir pourquoi nous les faisons… et qui ne nous procure pas de la joie.

Comment dépasser les contraintes ?

La réponse c’est encore en suivant les élans de son cœur. Car rien n’est plus juste que les élans de notre cœur. Cet homme aime danser, mais au-delà de ça, c’est avec sa femme qu’il aime danser. Danser la Vie. Vivre.  C’est donc son élan du cœur, son amour, qui lui permet de transcender les contraintes, de les dépasser. Il ne se contente pas de ce qu’il a, il ne s’adapte pas d’une façon résignée. Il choisit en conscience parce que c’est ce qu’il aime : danser le tango avec sa femme. Et cette énergie leur donne la capacité de déplacer les barrières, de repousser les limites de ce qu’ils croyaient possible : de danser le tango ensemble et de jouer !

Et nous ? Et vous ? Comment repousser nos barrières ? Comment s’ouvrir à d’autres possibles ?

La seule réponse, c’est encore en suivant les élans de son cœur. Car cette énergie donne la force et la créativité nécessaire à vivre son choix, au-delà des contraintes.  Cette énergie associée à la joie nous permet de révéler notre créativité et d’inventer de nouvelles façons de faire. Ne doutez pas de cette force-là. Elle habite en chacun de nous, pas seulement ceux qui vivent de grandes difficultés ou les génies. Nous sommes tous capables d’inventer et de créer en fonction de nos choix. Ce couple a bien su inventer une nouvelle façon de danser le tango ! La contrainte existe parce que nous lui donnons la possibilité d’exister.  En la dépassant, elle n’existe plus ; elle devient un catalyseur de créativité et d’ingéniosité !

Si la contrainte devient trop lourde à vivre ?

Si elle empêche de se sentir dans la joie ? Alors c’est qu’il important de revenir à son cœur et de se demander ce qu’on a envie de vivre. Revenir à soi, à l’intérieur de soi, pour se connecter à soi. Et reconnaître que peut-être il est temps de faire un choix. De suivre ce qui nous vient du cœur, cet appel qui provient de l’intérieur. Et aller de l’avant vers ce choix, en sachant que toutes les autres possibilités n’ont pas été choisies et n’existent plus.

Faire des choix, ce n’est certes pas la chose la plus facile car cela demande de renoncer à tout ce qui n’a pas été choisi. Mais quel délice de savoir que c’est notre pouvoir et notre liberté. Inaliénable !

J’espère de tout cœur que ce texte aura permis de vous éclairer et de vous donner l’envie de danser la vie !

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